mercredi 2 décembre 2009

Arrest Yourself

Laissez-moi donc vous raconter comment se déroule une formation de 2 jours pour être fundraiser. Qu'est-ce que c'est que ça ? C'est tout simplement être le type de personne qui vous emmerde profondément lorsque vous vous promenez dans le centre de Lille. Tranquillement en train de vous balader, un individu au t-shirt fortement coloré vous arrête et vous demande :"Vous avez 2 minutes pour Greenpeace/Amnesty International/WWF/La fédération des catcheurs de l'outre atlantique/Le groupouscule des amoureux des loutres des DOM-TOM/La confrérie des chasseurs à la dynamite ?".

Bien entendu, sorti de votre promenade revigorante, vous lui répondez la plupart du temps :

-Non.
-Désolé.
-Je n'ai pas le temps/Je suis pressé/Je vais rater le métro.
-J'ai pas d'argent.
-le silence du vent, à savoir ignorer la personne tout simplement. Ou mieux, vous accélérez le pas.

Me donc voilà à présent, démarcheur pour le Cancer Council. Parce que vous ne le savez peut-être pas, en tout c'était mon cas, mais l'Australie a des gros problèmes avec le cancer. Sur la totalité de leur espérance de vie, 1 homme sur 2 sera concerné et 1 femme sur 3 également. Cela représente un nouveau cas toutes les 5 minutes. Ils disposent également du plus haut taux de cancer de la peau au monde.

Pour nous permettre de sensibiliser les gens et de pouvoir les arrêter de manière efficace, on nous a donc appris les 6 gestes à faire pour les stopper, à écrire notre speech en mélangeant savamment stats marquantes et quelques phrases essayant de convaincre le chaland. Parce qu'il faudra tout de même réussir à faire investir 25 dollars minimum par mois à nos chers "clients". Cela peut faire beaucoup mais au final, ça ne représente que 2 cafés par semaine. L'argument principal pour promouvoir ce type d'engagement. En plus, le tout est déductible d'impôt, ce qui peut toujours servir.

A part ça, la formation consistait surtout dans le premier jour à écouter une petite allemande ultra énergique nous expliquant tous les aspects du taf. Ce qui me rappelle que le donneur moyen doit avoir plus de 21 ans, travailler plus de 25 heures et doit donner de l'argent sur 3 ans. Un autre chiffre étonnant : en moyenne, l'Australien donne de l'argent à 3 ONG différentes par mois. Impressionnant. Des jeux de rôles multiples le 2ème jour nous ont permis de se mettre en situation. L'occasion pour moi de montrer à la formatrice que j'étais bien là dans la salle.

En effet, la faute au hasard, je me suis retrouvé en fond de "classe". Donc la dame ne m'a pas vu et se demandait ce que je foutais un peu. Un sentiment d'injustice m'a envahi à la sortie de ce premier jour. Comme un délit de faciès pour la seule personne qui n'est pas anglophone de naissance dans ce groupe de 24 personnes, à moitié rempli d'anglais. Sachant que la plupart de mes camarades n'avaient pas plus ou moins ouvert la bouche que moi. Remonté, j'ai donc pris la place du premier rang le lendemain, quitte à inonder de réflexions et de réponses. Et j'ai fait mon trou, bim !

J'ai donc récupéré mon petit polo, une casquette et un badge avec une photo où j'ai l'air d'avoir déjà fêté mes 35 ans. La faute sûrement à une nuit écourtée par une insomnie surprise. En tout cas, il est surprenant de voir comment le pays ne se gêne pas pour écrémer les effectifs en pleine formation. Nous sommes passés de 24 à 16, ce qui fait d'ailleurs penser que lors du recrutement, ils se sont laissés des personnes à dégager. Une pensée largement appuyée par la présence de personnes qu'on qualifiera d'insolites comme un Snoop Dogg aux cheveux courts, une Daria obèse ou encore un golfeur ultra bourrin.

S'ensuit 2 jours de formation sur le terrain par plages de 2 h. Le premier jour, c'est à Wake Up que ça se passait, usine à backpackers par excellence. Nous devions juste parler à nos jeunes semblables et les informer, histoire d'être à l'aise avec le speech et de ne pas gâcher nos chances avec de "vraies" personnes. Résultat excellent puisque j'ai arrêté 11 personnes sur 13 tentatives.

L'anecdote rigolote, c'est que j'ai surtout arrêté 11 filles ! Les stoppant par paquets de 2, sauf pour la dernière, une petite Croate avec qui j'ai pu parler de son très beau pays découvert l'année dernière. Le lendemain, autre chanson avec pour décor l'Opéra. Lieu à touriste et à businessman en recherche de bouffe, c'est la zone Crash Test par excellence. Personne ne s'arrête et la moindre vision du t-shirt envoie leurs regards au fin fond de leurs chaussettes. Expérience plus mitigée donc mais il y a fort à parier que c'était pour nous faire redescendre d'un premier jour trop réussi.

Enfin, je vais quand même aborder la question importante, l'argent, puisqu'il n'y a que ça qui vous intéresse ! Payé 350 dollars la semaine de 20 heures, l'autre partie du salaire se situe dans les commissions. Une fois que vous avez réussi à enrôler 5 personnes dans la semaine, vous touchez 75 boules à chaque nouvel entrant. Sachant que l'objectif du vendeur est d'en faire 15, cela ramène le salaire hebdo à 1000 $ et le mensuel à 4000 ! On ne va pas s'emballer, on verra...

Demain, rendez-vous Hyde Park pour le premier vrai jour !

2 commentaires:

  1. Bravo ma poule, beau récit, on sent que tu en veux, et je te souhaite de te faire de la maille!

    Lucas

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  2. Ah ouais, c'est un métier, y'a pas à dire.
    Je pensais pas que ça pouvais toucher autant par contre, j'espère que tu atteindra cet objectif ^^

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