Je vais vous conter ici les dessous du fundraising après 2 longues semaines de bons et loyaux services. Ou plutôt sévices.
Premièrement, il est drôle de voir comment la paye fonctionne. Seules les matinées de travail sont comptées. C'est-à-dire que vous devez être sur le pont tous les jours du lundi au vendredi pour être payer pour 20 heures/semaine. Vous êtes prévus pour travailler toute la journée, sachant que l'après-midi compte pour du beurre en termes de salaire. Vous travaillez pour vous en essayant de dépasser le quota de 5 engagements par semaine et ainsi vous permettre de toucher 75 $ par engagement.
Encore faut-il en faire un ! Parce que c'est sur le terrain que la réalité émerge... En formation, l'équipe vous présente le taf comme une poule aux oeufs d'or très féconde vous permettant de gagner quasiment 1 000 $ par semaine. Méfiant sur ce point, j'ai bien fait de ne pas compter sur ce pactole. Dans la jungle urbaine, seule votre manager signe des gens. Et au forceps. Devant tenir le crachoir près d'une heure une personne pour avoir une malheureuse signature. En une semaine, disposant d'une équipe de 4 (5 le premier jour) nous avons réalisé 8 signatures. Au lieu des 30 espérées pour remplir les objectifs minimums ! Nous étions 3 nouveaux dans l'équipe, seul 1 a réussi à signer quelqu'un de la semaine. Moi et un de mes collègues avons fait chou blanc en 30 h de travail.
Pourquoi ?
-En majeure partie à cause de la localisation ! Trois jours entiers dans des trous perdus à rencontrer des gens sans emplois, des femmes aux foyers qu'on ne peut pas signer, des personnes retraitées payées par le gouvernement ou d'autres qui ne pouvaient pas se le permettre.
-Une journée dans le centre ville, devant un tribunal. Lieu où les gens profitent de leurs seules pauses pour aller chercher un café au coin ou juste manger avant de repartir au boulot.
Au final, j'ai eu des demies-signatures à mon tableau de chasse à cause de ces motifs :
-4 filles trop jeunes, n'ayant pas l'âge requis : 21 ans.
-une dame donnait déjà grâce à son travail. Puisqu'il faut savoir qu'en Australie, vous pouvez directement retirer de l'argent de votre salaire le jour de votre paie pour leur donner à l'œuvre de charité de votre choix.
-3 m'ont dit comme le Terminator, je reviendrais. Revenir de la pause déj', à la fin de leur journée de travail, de la plage. Mais personne ne revient jamais. Peut-être partent-ils vers un endroit dont on ne revient pas d'ailleurs...
-12 582 personnes voulaient me filer du cash.
En bref, je ne regrette pas ce travail trop fatigant, trop long, trop peu payé et peu gratifiant.
Parce que j'ai oublié de préciser comme une cerise sur le gâteau, le salaire annoncé a changé. De 17 dollars de l'heure, il fallait comprendre brut. Un détail non précisé ! Ce qui passe la paye à 12 dollars, à savoir le plus bas tarif que vous pouvez avoir dans ce pays. Si on ajoute les 3 h de trajet aller/retour quand vous vous déplacez, on peut juste qualifier ça d'arnaque.
Pour le prochain taf, j'essaierais donc moins d'aider mon prochain, ça payera plus.
mercredi 16 décembre 2009
mardi 8 décembre 2009
Do you know what i mean ?
Aujourd'hui 2ème jour de ce fabuleux boulot, situé dans les rues du middle of nowhere : Penrith. Ce petit coin est situé à plus d'une heure de train ressemble un peu... au Pas-de-Calais. Par sa population surtout. Rempli de gens sans emploi, de familles nombreuses et de personnes en état d'errance profonde, Penrith n'est pas vraiment the place to be, et encore moins l'endroit pour engager des personnes prêtes à donner 25 $ par mois à une ONG.
Bref, j'arrête les mauvaises blagues sur une région non loin de la mienne et je passe à ce qui me fait raconter tout ça. Entre deux discussions sur le trottoir, je me retrouve à aborder un sympathique bonhomme qui en voyant mon flamboyant polo bleu Cancer Council me dit :
-Je l'ai déjà ! (en souriant)
-Cool c'est super !
-Non, je l'ai déjà... (moins souriant)
-Oh... bah merci alors !
Et là, je réfléchis. Je me demande donc ce qui peut être dérangeant dans le fait d'être déjà donneur pour le Cancer Council. Et la révélation est apparue. Le gars ne me signalait pas qu'il était donneur, il voulait me dire qu'il avait un cancer ! Je ne pensais pas dire une fois dans ma vie à quelqu'un qui me dit qu'il a le cancer : "Super ! C'est fantastique ! Et puis merci hein, fais passer le message !"
Un malentendu assez glauque qui aura au moins marqué une deuxième journée de disette placée sous le seau de la désorganisation où la personne qui est censée nous gérer ne savait pas où aller et prenait un malin plaisir à toujours être sur notre dos. Heureusement, elle prend des vacances. Nous aussi par la même occasion...
Bref, j'arrête les mauvaises blagues sur une région non loin de la mienne et je passe à ce qui me fait raconter tout ça. Entre deux discussions sur le trottoir, je me retrouve à aborder un sympathique bonhomme qui en voyant mon flamboyant polo bleu Cancer Council me dit :
-Je l'ai déjà ! (en souriant)
-Cool c'est super !
-Non, je l'ai déjà... (moins souriant)
-Oh... bah merci alors !
Et là, je réfléchis. Je me demande donc ce qui peut être dérangeant dans le fait d'être déjà donneur pour le Cancer Council. Et la révélation est apparue. Le gars ne me signalait pas qu'il était donneur, il voulait me dire qu'il avait un cancer ! Je ne pensais pas dire une fois dans ma vie à quelqu'un qui me dit qu'il a le cancer : "Super ! C'est fantastique ! Et puis merci hein, fais passer le message !"
Un malentendu assez glauque qui aura au moins marqué une deuxième journée de disette placée sous le seau de la désorganisation où la personne qui est censée nous gérer ne savait pas où aller et prenait un malin plaisir à toujours être sur notre dos. Heureusement, elle prend des vacances. Nous aussi par la même occasion...
mercredi 2 décembre 2009
Arrest Yourself
Laissez-moi donc vous raconter comment se déroule une formation de 2 jours pour être fundraiser. Qu'est-ce que c'est que ça ? C'est tout simplement être le type de personne qui vous emmerde profondément lorsque vous vous promenez dans le centre de Lille. Tranquillement en train de vous balader, un individu au t-shirt fortement coloré vous arrête et vous demande :"Vous avez 2 minutes pour Greenpeace/Amnesty International/WWF/La fédération des catcheurs de l'outre atlantique/Le groupouscule des amoureux des loutres des DOM-TOM/La confrérie des chasseurs à la dynamite ?".
Bien entendu, sorti de votre promenade revigorante, vous lui répondez la plupart du temps :
-Non.
-Désolé.
-Je n'ai pas le temps/Je suis pressé/Je vais rater le métro.
-J'ai pas d'argent.
-le silence du vent, à savoir ignorer la personne tout simplement. Ou mieux, vous accélérez le pas.
Me donc voilà à présent, démarcheur pour le Cancer Council. Parce que vous ne le savez peut-être pas, en tout c'était mon cas, mais l'Australie a des gros problèmes avec le cancer. Sur la totalité de leur espérance de vie, 1 homme sur 2 sera concerné et 1 femme sur 3 également. Cela représente un nouveau cas toutes les 5 minutes. Ils disposent également du plus haut taux de cancer de la peau au monde.
Pour nous permettre de sensibiliser les gens et de pouvoir les arrêter de manière efficace, on nous a donc appris les 6 gestes à faire pour les stopper, à écrire notre speech en mélangeant savamment stats marquantes et quelques phrases essayant de convaincre le chaland. Parce qu'il faudra tout de même réussir à faire investir 25 dollars minimum par mois à nos chers "clients". Cela peut faire beaucoup mais au final, ça ne représente que 2 cafés par semaine. L'argument principal pour promouvoir ce type d'engagement. En plus, le tout est déductible d'impôt, ce qui peut toujours servir.
A part ça, la formation consistait surtout dans le premier jour à écouter une petite allemande ultra énergique nous expliquant tous les aspects du taf. Ce qui me rappelle que le donneur moyen doit avoir plus de 21 ans, travailler plus de 25 heures et doit donner de l'argent sur 3 ans. Un autre chiffre étonnant : en moyenne, l'Australien donne de l'argent à 3 ONG différentes par mois. Impressionnant. Des jeux de rôles multiples le 2ème jour nous ont permis de se mettre en situation. L'occasion pour moi de montrer à la formatrice que j'étais bien là dans la salle.
En effet, la faute au hasard, je me suis retrouvé en fond de "classe". Donc la dame ne m'a pas vu et se demandait ce que je foutais un peu. Un sentiment d'injustice m'a envahi à la sortie de ce premier jour. Comme un délit de faciès pour la seule personne qui n'est pas anglophone de naissance dans ce groupe de 24 personnes, à moitié rempli d'anglais. Sachant que la plupart de mes camarades n'avaient pas plus ou moins ouvert la bouche que moi. Remonté, j'ai donc pris la place du premier rang le lendemain, quitte à inonder de réflexions et de réponses. Et j'ai fait mon trou, bim !
J'ai donc récupéré mon petit polo, une casquette et un badge avec une photo où j'ai l'air d'avoir déjà fêté mes 35 ans. La faute sûrement à une nuit écourtée par une insomnie surprise. En tout cas, il est surprenant de voir comment le pays ne se gêne pas pour écrémer les effectifs en pleine formation. Nous sommes passés de 24 à 16, ce qui fait d'ailleurs penser que lors du recrutement, ils se sont laissés des personnes à dégager. Une pensée largement appuyée par la présence de personnes qu'on qualifiera d'insolites comme un Snoop Dogg aux cheveux courts, une Daria obèse ou encore un golfeur ultra bourrin.
S'ensuit 2 jours de formation sur le terrain par plages de 2 h. Le premier jour, c'est à Wake Up que ça se passait, usine à backpackers par excellence. Nous devions juste parler à nos jeunes semblables et les informer, histoire d'être à l'aise avec le speech et de ne pas gâcher nos chances avec de "vraies" personnes. Résultat excellent puisque j'ai arrêté 11 personnes sur 13 tentatives.
L'anecdote rigolote, c'est que j'ai surtout arrêté 11 filles ! Les stoppant par paquets de 2, sauf pour la dernière, une petite Croate avec qui j'ai pu parler de son très beau pays découvert l'année dernière. Le lendemain, autre chanson avec pour décor l'Opéra. Lieu à touriste et à businessman en recherche de bouffe, c'est la zone Crash Test par excellence. Personne ne s'arrête et la moindre vision du t-shirt envoie leurs regards au fin fond de leurs chaussettes. Expérience plus mitigée donc mais il y a fort à parier que c'était pour nous faire redescendre d'un premier jour trop réussi.
Enfin, je vais quand même aborder la question importante, l'argent, puisqu'il n'y a que ça qui vous intéresse ! Payé 350 dollars la semaine de 20 heures, l'autre partie du salaire se situe dans les commissions. Une fois que vous avez réussi à enrôler 5 personnes dans la semaine, vous touchez 75 boules à chaque nouvel entrant. Sachant que l'objectif du vendeur est d'en faire 15, cela ramène le salaire hebdo à 1000 $ et le mensuel à 4000 ! On ne va pas s'emballer, on verra...
Demain, rendez-vous Hyde Park pour le premier vrai jour !
Bien entendu, sorti de votre promenade revigorante, vous lui répondez la plupart du temps :
-Non.
-Désolé.
-Je n'ai pas le temps/Je suis pressé/Je vais rater le métro.
-J'ai pas d'argent.
-le silence du vent, à savoir ignorer la personne tout simplement. Ou mieux, vous accélérez le pas.
Me donc voilà à présent, démarcheur pour le Cancer Council. Parce que vous ne le savez peut-être pas, en tout c'était mon cas, mais l'Australie a des gros problèmes avec le cancer. Sur la totalité de leur espérance de vie, 1 homme sur 2 sera concerné et 1 femme sur 3 également. Cela représente un nouveau cas toutes les 5 minutes. Ils disposent également du plus haut taux de cancer de la peau au monde.
Pour nous permettre de sensibiliser les gens et de pouvoir les arrêter de manière efficace, on nous a donc appris les 6 gestes à faire pour les stopper, à écrire notre speech en mélangeant savamment stats marquantes et quelques phrases essayant de convaincre le chaland. Parce qu'il faudra tout de même réussir à faire investir 25 dollars minimum par mois à nos chers "clients". Cela peut faire beaucoup mais au final, ça ne représente que 2 cafés par semaine. L'argument principal pour promouvoir ce type d'engagement. En plus, le tout est déductible d'impôt, ce qui peut toujours servir.
A part ça, la formation consistait surtout dans le premier jour à écouter une petite allemande ultra énergique nous expliquant tous les aspects du taf. Ce qui me rappelle que le donneur moyen doit avoir plus de 21 ans, travailler plus de 25 heures et doit donner de l'argent sur 3 ans. Un autre chiffre étonnant : en moyenne, l'Australien donne de l'argent à 3 ONG différentes par mois. Impressionnant. Des jeux de rôles multiples le 2ème jour nous ont permis de se mettre en situation. L'occasion pour moi de montrer à la formatrice que j'étais bien là dans la salle.
En effet, la faute au hasard, je me suis retrouvé en fond de "classe". Donc la dame ne m'a pas vu et se demandait ce que je foutais un peu. Un sentiment d'injustice m'a envahi à la sortie de ce premier jour. Comme un délit de faciès pour la seule personne qui n'est pas anglophone de naissance dans ce groupe de 24 personnes, à moitié rempli d'anglais. Sachant que la plupart de mes camarades n'avaient pas plus ou moins ouvert la bouche que moi. Remonté, j'ai donc pris la place du premier rang le lendemain, quitte à inonder de réflexions et de réponses. Et j'ai fait mon trou, bim !
J'ai donc récupéré mon petit polo, une casquette et un badge avec une photo où j'ai l'air d'avoir déjà fêté mes 35 ans. La faute sûrement à une nuit écourtée par une insomnie surprise. En tout cas, il est surprenant de voir comment le pays ne se gêne pas pour écrémer les effectifs en pleine formation. Nous sommes passés de 24 à 16, ce qui fait d'ailleurs penser que lors du recrutement, ils se sont laissés des personnes à dégager. Une pensée largement appuyée par la présence de personnes qu'on qualifiera d'insolites comme un Snoop Dogg aux cheveux courts, une Daria obèse ou encore un golfeur ultra bourrin.
S'ensuit 2 jours de formation sur le terrain par plages de 2 h. Le premier jour, c'est à Wake Up que ça se passait, usine à backpackers par excellence. Nous devions juste parler à nos jeunes semblables et les informer, histoire d'être à l'aise avec le speech et de ne pas gâcher nos chances avec de "vraies" personnes. Résultat excellent puisque j'ai arrêté 11 personnes sur 13 tentatives.
L'anecdote rigolote, c'est que j'ai surtout arrêté 11 filles ! Les stoppant par paquets de 2, sauf pour la dernière, une petite Croate avec qui j'ai pu parler de son très beau pays découvert l'année dernière. Le lendemain, autre chanson avec pour décor l'Opéra. Lieu à touriste et à businessman en recherche de bouffe, c'est la zone Crash Test par excellence. Personne ne s'arrête et la moindre vision du t-shirt envoie leurs regards au fin fond de leurs chaussettes. Expérience plus mitigée donc mais il y a fort à parier que c'était pour nous faire redescendre d'un premier jour trop réussi.
Enfin, je vais quand même aborder la question importante, l'argent, puisqu'il n'y a que ça qui vous intéresse ! Payé 350 dollars la semaine de 20 heures, l'autre partie du salaire se situe dans les commissions. Une fois que vous avez réussi à enrôler 5 personnes dans la semaine, vous touchez 75 boules à chaque nouvel entrant. Sachant que l'objectif du vendeur est d'en faire 15, cela ramène le salaire hebdo à 1000 $ et le mensuel à 4000 ! On ne va pas s'emballer, on verra...
Demain, rendez-vous Hyde Park pour le premier vrai jour !
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